Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/04/2005

Convention Etat-Samir ou la pollution institutionnalisée

Deux événements majeurs ont marqué ces derniers temps l’actualité environnementale nationale et internationale: la convention Etat-Samir signée le 20 décembre 2004 et le protocole d’accord de Kyoto entré en vigueur le 16 février 2005. Le premier événement est relatif à la mise à niveau des raffineries marocaines les obligeant à s’aligner sur les techniques les plus modernes et les procédés les plus performants connus sur le plan international dans le domaine du raffinage moyennant un investissement de 6 milliards de Dirhams. Le second, concerne la réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle planétaire. Il engage les pays industrialisés à diminuer leur émission de gaz à effet de serre de 5,2% par rapport à leur niveau de 1990. La convention Etat- Samir , si ses termes venaient à être rigoureusement appliqués , permettra à nos raffineries de livrer un produit non polluant répondant aux normes et caractéristiques internationales ce qui contribuerait à l’amélioration de la qualité de l’air dans nos faubourgs et agglomérations. Le protocole d’accord de Kyoto, si ses termes venaient à être strictement appliqués, permettra d’atténuer le réchauffement de notre planète et de réduire par conséquent les changement climatiques brusques dont l’impact est ,pour le moins, dévastateur. Donc, à première vue, "tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" pour notre environnement comme dirait Leibniz .
Cependant, tout cela n’est pas pour demain. Sur le plan international, l’application du protocole de Kyoto dépendra du comportement des industriels des pays nantis et particulièrement les USA qui n’a toujours pas signé le protocole. Sur le plan national, une chose est certaine, la finalisation du projet de la mise à niveau des raffineries est prévue pour l’année 2008. Les marocains auront droit , au moins à trois années de pollution. Nos véhicules utilisant la gazole fument et continueront de fumer jusqu à ce que les raffineries soient mises à niveau !! Au moment où le monde entier s’apprête à améliorer la qualité de l’air en respectant l’environnement et en diminuant les gaz à effet de serre, on proroge la mise à niveau des raffineries Samir ! C’est ainsi que le plus grand pollueur du Maroc vient d’avoir encore le feu vert pour continuer de polluer . Les sociétés de distribution des produits pétroliers ont brillé par leur silence en continuant de jouer le jeu et de ne pas exiger des produits répondant aux spécifications requises. C’est une pollution institutionnalisée. Plus de 3600 stations service participent à cette opération dangereuse qui envenime, tous les jours que le bon Dieu fait, l’environnement des plus grandes villes du Royaume. Un directeur d’une société de distribution filiale d’une multinationale à qui on avait posé la question de savoir si la société mère aurait accepté de distribuer en Europe des produits qui ne répondent pas aux caractéristiques techniques requises des produits pétroliers dans le monde, comme sa filiale le fait si bien au Maroc, avait répondu comme s’il n’y avait personne pour l’écouter: « ici on distribue ce qu’on nous permet de distribuer».
Dans la foulée, la Fondation Mohammed VI pour l’Environnement lance à coup de spots publicitaires, une compagne sous le thème"tous pour l’environnement". Les propriétaires de véhicules y sont invités à réparer et à régler les moteurs de leur véhicule . C’est une bonne initiative dont le but recherché est de diminuer l’émission de gaz à effet de serre. Car, un véhicule dont le moteur est mal réglé, quelque soit les caractéristiques du produit pétrolier utilisé dégage des gaz toxiques issus d’une combustion incomplète du carburant consommé. Malheureusement, ces spots publicitaires s’adressent directement aux utilisateurs des produits pétroliers et personne, jusqu’à présent, ne s’est adressé au propriétaire de nos vielles raffineries. Il est certain que cette publicité aura un effet bénéfique d’ici trois ans lorsque nos deux raffineries seront, espérons le, mises à niveau.
Certes, les hydrocarbures d’une manière générale sont, de loin, les plus polluants des sources d’énergie. Les produits pétroliers qui répondent aux caractéristiques techniques, dégagent du gaz carbonique durant leur combustion. Mais les produits pétroliers distribués au Maroc dégagent des gaz à forte teneur en gaz carbonique et en gaz toxiques dérivés du soufre. Pourquoi ? Deux qualités de gazole sont distribuées actuellement au Maroc 11 000 ppm et 350 ppm. Ce dernier ne représente que 10% de la consommation nationale. La gazole 11000 p pm dépose une couche de soufre sur les parois des soupapes et endommage par conséquent l’étanchéité du carburateur ce qui entraîne le vieillissement précoce du moteur: Ceci se traduit par une combustion incomplète et le moteur fume en dégageant des fumées toxiques dérivées du soufre. D’ailleurs l’Union Européenne passe à la vitesse supérieure en introduisant la gazole à 50 p pm ! Ce taux va être à nouveau négocié avec la Samir , une fois que la mise à niveau sera faite sur la base de 350 p pm !!
Il semble que les négociateurs du dossier Samir sont trop crédules, naïfs ou amnésiques. Quant elle avait acheté les deux raffineries en 1997 , la Samir avait fait la même promesse de procéder à un investissement qui permettrait d’avoir un bon indice d’octane pour les essences et une basse teneur de soufre pour la gazole. On lui avait accordé alors cinq ans de délai pour la réalisation de ce programme. Huit ans après, rien n’a été fait. Elle se propose actuellement de réaliser le même investissement avec un délai supplémentaire de trois ans . Et si d’ici là rien n’est fait, et la Samir demande à proroger ces décisions, que pourrait-on faire ? Racheter la Samir ou céder devant ses doléances comme on vient de le faire après huit ans d’exercice. Entre temps, à Dieu ne plaise, un événement peut advenir comme en 2002 ! et le cycle des débats reprendra à nouveau en 2009 ou en 2010. Et comme d’habitude, on transigera et on bricolera.
Pourquoi cette épée de Damoclès, qu’est la Samir, se fait-elle de plus en plus menaçante ? La Samir assure le monopole du raffinage. Elle sait que le secteur de la distribution avec ses faibles capacités de stockage reliées aux différents ports du pays, ne peut importer pour le moment que 20% du marché national. C’est un véritable chantage. Quoi qu’on en dise les années de plomb continuent à peser de tout leur poids, mais cette fois-ci, sur le compte de la protection de l’environnement

Omar Elfetouaki






12:40 Publié dans Pollution | Lien permanent | Commentaires (0)