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18/04/2005

LA RAFFINERIE DE MOHAMMEDIA N’INSPIRE PLUS CONFIANCE : UNE ENQUETE NATIONALE SUR LE SECTEUR DES PRODUITS PETRLIERS AU MAROC DEVIENT UNE NECESSITE PRIMORDIALE






Au lendemain de l’incendie qui avait ravagé la raffinerie de Mohammedia le 25 septembre 2002, la production Samir ne pouvait satisfaire le marché national qu’à hauteur de 20%. l’Etat a dû décréter rapidement la suspension provisoire des droits de douane des produits pétroliers raffinés, pour permettre aux sociétés de distribution de combler le déficit à partir des importations. Cette suspension devrait durer aussi longtemps que dureraient les travaux de reconstruction de la raffinerie et jusqu’à ce qu’elle puisse satisfaire la totalité des besoins du marché. L‘opération d’importation des produits raffinés a été réalisée dans de bonnes conditions. Aucun manque de produit n’a été ressenti à travers les différentes localités du Royaume. Il n’en demeure pas moins que la Samir a réalisé la majeure partie de ces importations, soit 80%. Deux sociétés de distribution ont participé à cette opération : il s’agit des sociétés AFRIQUIA et TOTAL MAROC. Ces dernières possèdent des capacités importantes de réception des produits pétroliers au port de JORF LASFAR et ont contribué à l’importation des 20% restants des besoins du marché. Les autres sociétés s’approvisionnent normalement à partir de la Samir.
Au début du mois de juillet dernier, la Samir annonce que les travaux de reconstruction des unités sont achevés et qu’elle est prête à assurer, au rythme d’avant l’incendie et à partir de sa propre production, les livraisons des produits pétroliers raffinés. Elle demande officiellement à l’Etat de rétablir la protection douanière prévue par le cahier des charges relatif à la session de la raffinerie, qui lui octroie le monopole de l’approvisionnement du pays en produits pétroliers.
Ainsi le rétablissement tarde-t-il à venir et les sociétés de distribution continuent à faire comme si de rien n’était en continuant à s’approvisionner directement à partir du marché international. Le raffineur, fier d’avoir achevé les travaux de reconstruction, commence à produire normalement en croyant que les droits de douane seront rétablis avec la même rapidité par laquelle ils ont été suspendus. Mais la Samir aurait dû, en principe avant toute production, demander à la tutelle, en l’occurrence au Ministère de l’Energie et des Mines, de lui délivrer, après expertise, un certificat de mise en service de ses unités. Deuxièmement et même si rétablissement il y a , il faudrait que l’Etat tienne compte, au moins, des termes des contrats d’achat liant les distributeurs et leurs fournisseurs.
Quoiqu’il en soit, cette situation de suspension, de rétablissement et de démantèlement des droits de douane envenime les relations entre le raffineur et les distributeurs au détriment du consommateur et risque de compromettre sérieusement l’approvisionnement normal du Royaume . C’est un problème qui doit trouver une solution rapide, efficace et durable. La raffinerie de Mohammedia n’inspire plus confiance .Cela est aussi vrai que deux et deux font quatre. Son maintien, vaille que vaille, augure une catastrophe nationale qui plongerait le pays dans une pénurie de carburants jamais connue auparavant ; car au moment où l’Etat s’apprête à étudier dans quelles conditions les droits de douanes seront rétablis, un autre incendie s’est déclaré dans la raffinerie le jeudi 18 septembre 2003, une année après l’incendie qui avait endommagé la presque totalité ses unités de production . Un bac contenant 2000 m3 d’essence super a pris feu. Cette fois-ci aucune victime n’est à déplorer mais les dégâts sont énormes et l’enseignement à tirer de cette catastrophe est éclatant . Comme d’habitude, l’origine de l’incendie reste inconnue. Cependant toutes les raisons sont réunies pour concourir à cette situation : vétusté des unités, manque de contrôle de la tutelle, manque de moyens d’investigation de la société à quoi s’ajoute, de l’avis des experts, l’incompétence technique du personnel.
Même en admettant que la Samir prenne toutes ses dispositions pour Soigner son image détériorée après la catastrophe afin de redonner confiance, certifie ses produits iso, augmente la fiabilité, la sécurité et la rentabilité de ses unités ; en l’an 2009 les distributeurs demanderont eux aussi que le démantèlement des droits de douane soit rigoureusement respecté. Et le problème sera posé à nouveau par la Samir qui d’ailleurs commence déjà, à insinuer que ²le raffinage au Maroc sans protection douanière ni subvention est impossible². La suspension ou le rétablissement des droits de douane représente une véritable Epée de Damoclès au dessus de la tête des distributeurs : une situation d’inconstance ; on les autorise à importer et puis on le leur interdit. Leurs moyens logistiques s’en trouvent affaiblis et sous-utilisés. La clairvoyance voudrait que si on rétablit les droits de douane, le rétablissement ne doit pas se faire hâtivement. On risque dans ces conditions de résoudre un problème tout en créant un autre beaucoup plus complexe. On doit trouver une solution qui arrangerait les deux opérateurs conformément aux textes en vigueur, notamment la loi sur la concurrence.
Pour ce faire, le moment est propice pour que les pouvoirs publics lancent une enquête nationale qui permettra de diagnostiquer le bon fonctionnement du secteur pétrolier dans le Royaume, tant chez les distributeurs que chez le raffineur . Cette enquête doit être menée de concert avec l’observatoire de l’Energie récemment créé qui fournirait aux experts en la matière toutes les données récentes nécessaires au bon déroulement de cette opération. Cette enquête, si elle venait à être réalisée conduirait au fait qu’il y a ou qu’il n’y a pas de dysfonctionnement entre les différents intervenants sur les plans prix de revient, marge , qualité des produits et sécurité des installations pétrolières. Elle nous permettra également de faire un bilan des cinq années d’expérience de la privatisation du raffinage. Elle nous révèlera, aussi la vérité sur la subvention que l’Etat accorde au raffinage et elle trouvera une réponse aux questions suivantes : est-ce que le raffinage est toujours justifié au Maroc ?Faut-il combiner les deux modes d’approvisionnement ; raffinage et importation ? Un débat national s’en suivrait et un redressement de la situation pourrait s’avérer nécessaire.
Le mérite de cette enquête sera, en outre, de rendre public tous les conciliabules qui se déroulent entre techniciens, au sein des bureaux des Ministères concernés, sous forme de commissions statuant sur des affaires purement commerciales dont les retombées peuvent s’avérer néfastes pour l’économie nationale. Le temps est révolu où les raffineries et les sociétés de distribution appartenaient à l’Etat qui siégeait alors dans leur conseil d’administration et avait par conséquent accès à toutes les données nécessaires pour l’analyse et la prise de décision en toute connaissance de cause. Actuellement et avec la privatisation, les administrations n’ont plus accès aux données sur le secteur, et leurs études ne sont basées que sur des supputations et des chiffres dépassés ou tronqués, glanés par téléphone. Jusqu’à présent ces fameuses réunions n’ont donné qu’une mauvaise récolte : elles ont créé plus de problèmes qu’elles n’en ont résolus. Au terme des travaux de ces réunions tenues en catimini, les ²résolutions ²sont entourées d’imbrications enchevêtrées qui représentent un imbroglio indéchiffrable, même pour les cadres les plus compétents du secteur. Or la pratique montre bien, qu’autant le raffineur et les distributeurs sont enclin à la communication, autant les départements ministériels concernés trouvent le plaisir, comme dans le passé, à se murer dans un mutisme absolu. Donc on ne connaîtra de toutes ces imbrications que ce qui filtre au niveau des médias, quand ces responsables voudront bien transmettre l’information.
Il est pertinent de commencer à connaître la vérité sur notre raffinage et sur notre distribution et dans quelles conditions ces entreprises qui représentent un secteur hautement stratégique travaillent. Il est également judicieux de prendre connaissance des mesures de sécurité qui sont prévues par les textes et leur applicabilité, quitte à ce qu’on procède à une réfection totale de ces textes qui paraissent vraisemblablement désuets et ne répondent plus aux exigences des nouvelles normes internationales dans le domaine des hydrocarbures .

O m a r E l f e t o u a k i

12:38 Publié dans énergie | Lien permanent | Commentaires (0)

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