Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

07/07/2006

NOTRE POLITIQUE ENERGETIQUE

 

Le deuxième choc pétrolier fut marqué à jamais, au Maroc, par la création du Ministère de l’Energie et des Mines en 1979.  C’est  à partir  de cette date qu’on avait  commencé à  poser  les premiers jalons de la politique énergétique du pays. Née du choc pétrolier, notre politique énergétique vit au rythme de la fluctuation du prix du baril. La première politique  qui fut adoptée s’articule  autour de sept  axes: approvisionner le pays en produits pétroliers dans les meilleurs conditions, accélérer le programme d’équipement hydroélectrique, relancer la recherche pétrolière, entamer l’exploitation des schistes bitumineux, développer les énergies renouvelables, engager des efforts pour la maîtrise de l’énergie  et introduire  l’électricité d’origine nucléaire.

  Toute une panoplie de textes institutionnels et organisationnels  nécessaires à la mise en œuvre de  cette politique  et  au renforcement de  l’intervention de l’état dans le secteur  énergétique furent  élaborés. Dans la foulé trois établissements publics  furent  créés :  le Centre de Développement des Energies Renouvelable (CDER) en 1982 pour le développement des  énergies renouvelables et acquisition de  la technologie dans ce domaine, l’Office National de la Recherche et de l’Exploitation Pétrolière (ONAREP)  en 1983 pour donner un coup de fouet à la recherche pétrolière et enfin le  Centre National des Sciences et Techniques  et Etudes Nucléaires (CNESTEN) en 1986 pour maîtriser les techniques nucléaires et  se préparer  au  lancement  de l’électronucléaire au Maroc.  

 

Il faut reconnaître que ce  fut une politique ambitieuse qui devait, si elle  était menée à bien permettre,  actuellement,  au Maroc de maîtriser et  diversifier d’une manière concrète ses  ressources  énergétiques. Malheureusement, c’est une politique qui n’a jamais dépassé le seuil de la théorie et des études. Ces  établissements   sont devenus  un fardeau pour le budget  d’un  pays   non producteur de pétrole et dont les moyens matériels sont limités. Vers fin 1986 et début 1987,  les prix du pétrole ont  considérablement chuté. Le contre choc pétrolier avait donné l’impression d’abondance de l’énergie et toutes les actions ont été suspendues. Le drapeau de la politique énergétique  fut de nouveau mis en berne. Le paroxysme fut atteint en 1997, le prix du baril chuta alors de 40%  et se stabilisa autour des 10 $ le baril. Le pétrole  bon marché prend le dessus. Le secteur des hydrocarbures est privatisé. Cette  baisse des prix du brut a freiné le développement des autres  sources  d’énergie. A partir de 1994  un ersatz de politique fut élaboré. On l’appela les grandes orientations stratégiques. C’est une relecture horizontale de l’ancienne politique énergétique et qui représente les prorogatives de certaines  divisions  du ministère. 

 A partir de 2005 de nouveau le baril prend son envolée pour s’établir autour 70$ le baril actuellement. En principe cette envolée devait interpeller les responsables du secteur énergétique. Malheureusement,  ces derniers  semblent continuer à  suivre les  train- train   de la gestion quotidienne sans aucune vision claire sur l’avenir du secteur. car tant vaut l’économie d’un pays tant vaut sa politique énergétique.

Justement la majeur partie de l’interview de Monsieur le Ministre de l’Energie et des Mines ( voir Economiste du 29 mai 2006 ) ,  est réservée, comme d’habitude, aux produits pétroliers. Ce qui montre  la place que continue à prendre cette forme d’énergie dans notre consommation. La diversification des ressources énergétique annoncée n’est qu’une antienne  que l’on répète pour donner l’impression qu’on dispose des moyens pour faire fa     ce à une éventuelle crise énergétique. Les responsables du secteur  ne sont pas encore convaincus  que  la longévité du pétrole est maintenant connue et se situe d’après les spécialistes internationaux en la matière  entre  40 et  50 ans. Les plus optimistes parmi eux mettent la barre aux environs de 60 ans.  Et actuellement rien n’indique que les prix vont baisser durant les décennies qui viennent : une demande de plus en grande pour une ressource de plus en plus rare. On s’attendait franchement à  ce que cet entretien apporte des  réponses  aux questions que l’on commence à se poser sur l’énergie  qu’on consommera demain au Maroc et  les moyens à mettre en œuvre pour assurer l ‘approvisionnement du pays en énergie. La novelle donne aujourd’hui, contrairement aux  chocs pétroliers précédents,  c’est l ‘épuisement  inéluctable  des gisements de pétrole. C’est un véritable tournant dans l’histoire de l’humanité. Les pays conscients de cet épuisement fatal, y compris les pays producteurs, se préparent dès maintenant  à l’après pétrole, qui risque de surprendre plus d’un.   

Chez nous on continue à louvoyer à travers  la péréquation des produits pétroliers et à cacher la  vérité des prix. La subvention du butane et autre produits pétroliers  avait représenté 7 milliards de Dirhams pour l’année  2005.  Elle  doit en représenter bien plus  l’année en cours. Cette somme importante d’argent aurait dû  être versée à  l’I NDH  pour l’investir dans le domaine du développement humain.  Un marocain nécessiteux a besoin beaucoup plus d’un emploi que d’une bouteille de gaz ! !

 

  Le système d’indexation continue à subir des violations : on l’applique cinq ans, on l’arrête pour la partie distribution  à cause des  cours très bas du pétrole.  Les prix flambent on le remet sur le tapis. Et maintenant  on l’appliquerait à quelques produits seulement. Il est très facile de  décréter une règle ou  une décision avec l’arrière pensée qu’elle sera sûrement violée ou ne sera pas du tout appliquée.  

L’intervention de la caisse de compensation et l’indexation ne sont  ni  des politiques ni des stratégies. Ce sont des subterfuges qui permettent tout simplement d’obnubiler  le déficit en matière de politique énergétique.   

Le Ministre en charge du dossier n’a pas dit un mot sur la recherche pétrolière et remet par la même occasion l’introduction de l’électronucléaire au calendres grecques.  Comme dans le passé le dossier  gaz naturel est placé à nouveau entre les mains des pétroliers qui voient en ce produit un produit concurrent. Les pétroliers contrôlent l’introduction  de ce produit comme faisait la  Société Nationale des Produits Pétroliers  (SNNP)  des décennies durant. Actuellement les pétroliers n’ont pas les moyens d’investir pour l’installation des capacités de stockage reliées aux différents ports du royaume ; et ce sont eux qui se proposent d’entamer un investissement qui coûte beaucoup plus que le stockage de produits pétroliers !! Où est passée la nouvelle stratégie des approvisionnements arrêtée par Sa Majesté le Roi au mois de mai 2004 ? Décidément, pour s’assurer  définitivement son monopole  de fait, la Samir utilise tous les moyens pour empêcher les sociétés de distribution des produits pétroliers d’investir dans le domaine  des capacités de stockage reliées aux ports  

Les experts internationaux et nationaux en matière énergétique, conviés au séminaire organisé par le Haut Commissariat au Plan a Casablanca du 9 au 10 juin 2006 sous le thème"Prospective Energétique du Maroc : enjeux et défis "   étaient d’accord  pour affirmer que pour  le moment le gaz naturel est l’héritier naturel du pétrole dans le cours et le moyen terme. Pour le long terme l’option électronucléaire est incontournable. Les énergies renouvelables ne peuvent apporter qu’une énergie d’appoint. Mise à part l’éolien qui reste relativement cher, le solaire , La biomasse et autres énergies renouvelables ne permettent pas d’avoir une force motrice, vecteur de tout développement.  

 

 

 

Omar Elfetouaki

elfetouaki_om@yahoo.fr

 

 

09:47 Publié dans énergie | Lien permanent | Commentaires (0)