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03/12/2006

LA PROBLEMATIQUE DE LA SECURITE DE L’APPROVISIONNEMENT DU MAROC EN ENERGIE

A nouveau le problème de l’énergie occupe le devant de la scène économique   nationale. Les différentes augmentations des prix de vente au public des carburants  dues au renchérissement du prix du pétrole brut sur le plan international, en sont vraisemblablement la cause. Rappelons-le, ces augmentations ont provoqué toute une avalanche d’augmentations des prix de denrées alimentaires de base, des transports, de l’électricité et par conséquent de tous les produits  de la chaîne de production industrielle nationale. Ce qui a poussé  l’autorité monétaire marocaine à tirer la sonnette d’alarme sur le risque d’une inflation effrénée. D’ailleurs, le gouvernement a dû surseoir à la dernière augmentation  des prix de vente au public des carburants en l’annulant carrément un mois après sa promulgation.

 Formulées  de la part de  tous les agents économiques dont l’énergie occupe une place importante dans leur prix de revient, des questions sur l’avenir de cette matière stratégique qu’est l’énergie fusent de toute part : Allons-nous rester encore pour longtemps à la merci du marché international et subir  les fluctuations du prix du baril de pétrole sans rien faire ou bien allons nous trouver une solution de substitution nous permettant d’être un tant soit peu à l’abris de ces fluctuations ? Doit-on continuer à subventionner le butane et le gasoil ? Doit-on appliquer la vérité des prix ? La Samir sera-elle en mesure de nous fournir réellement des produits pétroliers moins polluants ou va-t-elle continuer à ne jamais tenir sa promesse comme elle l’a déjà fait durant une décennie ? Où en est-on  avec la recherche pétrolière ?  Notre programme électronucléaire est-il mis en veilleuse ? Pour quoi?

Le temps de l'opacité est révolu en ce qui concerne les choix énergétiques et leur maîtrise. Les sorties médiatisées des responsables du secteur de l’Energie n’ont fait qu’empirer la situation.  Leurs   discours  ampoulés, confus et plein de redondances, n’ont pas pu convaincre et furent fortement critiqués par les médias. Pour essayer  de calmer les esprits, les assises nationales  sur l’énergie dont la tenue avait été annoncée par le département une  année auparavant, furent remplacées par une journée nationale sur l’énergie. Organisée en trompe-l’œil le 30 octobre 2006,  cette journée fut préparée à la hâte et proprement bâclée.

 Les responsables chargés de faire des exposés ont fait étalage de leur connaissance en énergie et dans tout ses états : le pétrole, la recherche pétrolière, le gaz naturel,  l’électricité et énergies renouvelables. Ces responsables semblent figés dans une coquille qui les empêche de s’exprimer librement. L’autocensure de tout un chacun a fait  qu’une censure  générale,  dont personne ne connaît l’origine,  fait son apparition. La réflexion faisait défaut. Autant l’assistance était attentive autant le contenu était d’une  incroyable vacuité. On a parlé du passé, du présent sans pour autant se préoccuper de l’avenir. C’était plutôt une journée d’information qui était effectivement riche en données  sur l'énergie.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 sur . De l’avis de la plupart des participants le ministère n’a jamais été aussi généreux en informations.  La journée était très courte pour ce genre de  thème et le débat n’a pas eu lieu. Il faut dire que l'excellence, l'innovation  sont mal reconnues dans notre   secteur  

Justement, le secteur a contribué benoîtement à cette journée et semble n’être concerné que par ses problèmes quotidiens : Les sociétés de distribution des produits pétroliers et l’Office National de l’Electricité (ONE) ont brillé par leur présence physique et par leur silence prudent.  La Samir   n’a pas raté l’occasion pour confirmer par la voix de son  Directeur Général qu’elle a encore devant elle trois années de livraison de produits pétroliers raffinés hautement polluants. Le Centre National des Etudes et Sciences des Techniques Nucléaires (CNESTEN) et Association des Ingénieurs Génie Atomique au Maroc (AIGA M), considérées par le ministère  de l’Energie et des Mines comme des "confréries  dangereuses" qui prêchent la nécessité de l’introduction de l’électronucléaire au Maroc, n’ont pas eu droit à la parole. Enfin, alors que la recherche pétrolière claudique, l’Office des Hydrocarbures et des Mines (ONHYM) a profité de l’occasion pour réitérer de nouveau sa demande de fonds à l’Etat sans la moindre lueur d’une éventuelle découverte de pétrole ni la moindre allusion à l’exploitation des schistes bitumineux qui  restent, qu’on le veuille ou non, une ressource nationale.  

  Au terme de cette journée, un certain nombre de recommandations dont la  majorité  n’a pas fait l’objet de discussion au sein des ateliers, ont été retenues. Elles représentant quelques questions posées par l’assistance  auxquelles des réponses quelques fois agressives et saugrenus ont été formulées.  Ces recommandations sont des propositions qu’on traîne de séminaire en séminaire et de forum en forum  sans jamais pouvoir les réaliser. D’ailleurs, une lecture simple de celles-ci montre bien que rien ne se fait correctement au Département de l’Energie. Quoiqu’il en soit ces recommandations seront de nouveau jetées aux oubliettes en attendant la tenue d’une quelconque manifestation de ce genre pour refaire surface.

La diversification des ressources énergétiques annoncée n’est qu’une antienne  que l’on répète pour donner l’impression qu’on dispose des moyens pour faire face à une éventuelle crise énergétique. La diversification dans la dépendance énergétique n’est pas une vraie diversification. Par contre, il est indéniable que la promotion des énergies renouvelables nécessite un effort soutenu. Mais ces énergies sont limitées par nature et ne sauraient permettre la production de masse dont  notre économie  a besoin. La  maîtrise de l'énergie et l’efficacité énergétique  dont d’autres pays appliquent scrupuleusement le principe restent chez nous, malheureusement, des rengaines qu’on trouve du plaisir à répéter indéfiniment sans aucune concrétisation.  

La libéralisation du secteur électrique a fait déjà l’objet de nombreuses recommandations dans plusieurs séminaires. Elle ne semble pas trouver de solution ou de moyen pour la promulgation de la loi qui la régit.   Par contre dès l’ouverture de la journée le ministre en charge du dossier énergie renvoie l’introduction de  électronucléaire au Maroc   au calendres grecques. Même au niveau des ateliers le thème sur l’électronucléaire n’a pas été programmé. On ne retiendra sur le nucléaire qu’une seule phrase : "garder toute les options   (y compris le nucléaire) pour assurer l’approvisionnement du pays en électricité". Il est incompréhensible qu’un pays non producteur de pétrole boude le nucléaire au moment où le quatrième pays producteur de pétrole en fait son cheval de bataille.  

On s’attendait franchement à  ce que ce débat apporte des  réponses  aux questions que l’on se pose sur l’énergie  qu’on consommera dans l’avenir  au Maroc et les moyens à mettre en œuvre pour continuer à en assurer l’approvisionnement du pays  en toute  sécurité. On s’attendait à ce que ce débat formule des propositions tendant à garantir l'indépendance énergétique et à préparer l'avenir.. Qu'il s'agisse de charbon, de pétrole ou de gaz, les réserves sont par définition physiquement limitée. En outre, la conjonction d'une explosion de la demande des nations en développement (notamment  la Chine et l’Inde) et de la forte concentration de ces ressources dans un petit nombre de pays, fait peser une menace à la fois sur leur accès et sur leur prix. On ne peut pas miser sur une source limitée dans  le temps  au risque de compromettre notre sécurité d’approvisionnement.  Une demande de plus en plus grande pour une ressource de plus en plus rare.

N'entretenons pas notre consommateur d'espoir chimérique, les énergies renouvelables ne représenteront, dans un avenir visible, même chez les pays détenant leur technologie, qu'une part très limitée dans leur bilan énergétique. Le nucléaire s’impose donc et présente une alternative sûre et un approvisionnement pérenne du pays en énergie. Cela nécessite préalablement une vraie politique énergétique nationale exprimée par une stratégie à long terme et relative à la nature des énergies et à leurs moyens de production.

                                                               Omar Elfetouaki

                                              E- mail : elfetouaki_om@yahoo.fr

14:20 Publié dans énergie | Lien permanent | Commentaires (0)