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09/05/2005

LE MONDE RURAL FACE A LA PAUVRETE ENERGETIQUE


Actuellement, la population mondiale se monte à 6 milliards d’individus . Plus de la moitié de cette population vit en milieu rural dont près de 90%, soit 2,9 milliards d’individus vivent dans les pays en voie de développement.
Selon les experts du PNUD, il est prévu que d'ici 2025, la population mondiale pourrait dépasser les 8 milliards. Il est évident que la majeure partie de cette augmentation se produirait dans les pays en voie de développement. Une si grande population ne peut être entretenue convenablement aussi longtemps que si les ressources de nourriture sont correctement contrôlées et équitablement distribuées.
Plus d’un milliard de personnes, soit environ un sixième de la population mondiale, vivent dans des conditions de pauvreté extrême. La préoccupation des différents gouvernements d’éradiquer le fléau de la pauvreté dans le monde n’a commencé que récemment avec la prise de conscience de plus en plus grandissante des populations touchées et grâce à l’organisation de la société civile . La tâche cependant, ‘’ n'est pas facilitée par le fait que la croissance de la population est la plus rapide parmi les plus pauvres et dans les pays les plus pauvres ‘’.
Sur les 50 pays les plus pauvres du monde, classés selon l'indicateur de développement humain (IDH) du PNUD, 33 sont situés en Afrique. Malnutrition, pauvreté, illettrisme, situation sanitaire désastreuse sévissent dans le continent et se propagent rapidement.
Le Maroc ne fait pas exception. Il compte actuellement 30 millions d’habitants, dont 48,55% (soit 14,5 millions de personnes) vivent en milieu rural. L’indicateur de développement humain(IDH) classe le Maroc au 112ième rang mondial. En effet, une grande partie de la population rurale et pré-urbaine souffre d’un niveau de vie des plus bas du monde, dû à un taux de chômage élevé et à un pouvoir d’achat très faible .
Quant elle est disponible en quantité suffisante et utilisée à bon escient, l’énergie permet d’aider à lutter contre la pauvreté. Elle est nécessaire pour satisfaire ne serait-ce que les besoins quotidiens les plus élémentaires de ces populations . Donner à l’Homme l’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins fondamentaux , eau potable, services de santé et d’éducation, chauffage et éclairage ; fait partie des problèmes les plus pressants auxquels l’humanité se trouve aujourd’hui confrontée assure le PNUD. Cet organisme affirme également que l’accès aux services énergétiques modernes pour les populations qui en sont dépourvues constitue une des conditions pour atteindre les objectifs de développement du troisième Millénaire
La forme d'énergie la plus importante pour la civilisation moderne est peut-être l'électricité. Parmi toutes les formes d'énergie utilisées, elle est essentielle tant aux pays industrialisés pour le soutien de leur structure économique qu'aux pays en développement où elle améliore l'accès à l'énergie, contribue à atténuer la pauvreté et permet enfin la croissance économique.
Alors que nous entrons dans le XXIème siècle, deux milliards de personnes – soit une personne sur trois dans le monde – n’ont pas accès à l’éclairage électrique ou à des équipements de cuisson corrects. A la pauvreté alimentaire s’ajoute la pauvreté énergétique. Au Maroc on considère qu’ à ce jour, environ 2 millions de foyers n’ont pas encore accès à l’électricité. D’après le rapport mondial sur le développement humain 2001, la consommation moyenne mondiale d’électricité en KWH par tête d’habitant est de 1449 en 1980 et 2014 en1998 . Pour les pays de l’OCDE ce rapport est de 5932 et 8451. Au Maroc ce rapport est respectivement de 223 et de 443 .
La prise de conscience de la problématique de l’électrification du milieu rural au Maroc est venue tardivement. Il fallait attendre 1982 pour lancer le Programme National de l’Electrification Rurale (PNER) suivi du Programme pilote d’électrification rurale (PPER).
Mais largement pilotées par l’Administration, les opérations du PNER et du PPER n’ont pas donné les résultats escomptés. Parallèlement une structure administrative a été créée au sein de la Direction de l’Energie pour introduire les énergies renouvelables et préparer les textes qui devraient réglementer le secteur et lancer l’électrification décentralisée ( n’est pas reliée au réseau national). Mal partie, conçue dans des conditions hâtives et sans fondement, cette structure reste l’enfant orphelin et pauvre de la Direction. Son rôle a été affaibli par une politique énergétique qui néglige le rôle des énergies renouvelables d’une part et par la création, peu justifiée dans le temps, du Centre du Développement des Energies Renouvelables (CDER) qui devrait promouvoir ces énergies, d’autre part. Le taux d’électrification rurale ne dépassait guère 17% en 1995 . En 1996 l’ONE lance le PERG (Programme d’électrification rurale global) dont l’objectif est de généraliser l’accès des populations rurales à l’électricité à l’horizon 2008. Le PERG est un programme national destiné à accélérer l'introduction de l'électricité aux 30.000 villages (douars) non électrifiés . Pour ce faire le PERG doit donc électrifier 100.000 foyers ruraux par an environ , dont une part respectable des énergies renouvelables (le système photovoltaïque exclusivement) à cause du coût élevé que nécessiterait l'extension du réseau d'électricité à certaines régions éloignées et enclavées du pays. Ajoutons aussi que le problème est compliqué davantage par le fait que dans ces douars enclavés, ils existent des ménages qui ne disposent guère de fonds nécessaires même pour payer le coût des premiers frais d’installation d’un panneau solaire !!. Malgré ces difficultés et avec la détermination de l’ONE et les collectivités locales à faire aboutir le PERG, ce programme a permis d’atteindre à fin 2002 un taux d’électrification rurale de 56%.
Les énergies renouvelables ont été au cœur de l’un des premiers grands différents entre les délégués présents au sommet mondial des Nations Unies sur le développement durable tenu à Johannesburg en l’an 2002. Le débat sur le développement des énergies renouvelables et leurs enjeux dans l’avenir se fait au niveau des pays producteurs de pétrole et les Etats-Unis d’Amérique d’une part et les pays producteurs de la technologie nouvelles dans ce domaine d’autre part. Les premiers défendent le maintien de la place prépondérante qu’occupe les énergies fossiles et ne prévoient pas d’augmentation de la part des énergies renouvelables dans la consommation mondiale de l’énergie d’ici à 2015. Les seconds prêchent une part de 15% pour ces énergies non polluantes. Rappelons que l’accord final de la conférence a fait allusion à un développement des énergies renouvelables dans le futur sans toutefois en préciser le taux. Il est évident que les pays en voie de développement utilisateurs des technologies des énergies renouvelables et non producteurs de pétrole n’ étaient pas de la partie.
Ces énergies dites propres– alimentées par le soleil, les cours d’eau, le vent, les vagues et les courants marins sont retenues comme un modèle en matière de développement durable. Elles pourraient par conséquent permettre, selon leurs défenseurs, l’approvisionnement en électricité des 2 milliards de personnes qui n'y ont pas accès aujourd'hui dans le monde tout en évitant les problèmes de pollution générés par les énergies fossiles ou le nucléaire dont la "propreté" n’est qu’apparente. Aussi peut-on parler de l’énergie des pauvres comme énergie propre et de l’énergie des nantis comme énergie polluante . En effet les énergies dites polluantes créent la force motrice qui permet un développement rapide de la population alors que celles dites propres aident ses utilisateurs
à survivre en améliorant, un tant soi peu, leur qualité de vie tout en les entretenant perpétuellement dans le cercle vicieux de la pauvreté .
Au moment où la volonté politique va dans le sens de favoriser l’extension maximum du réseau électrique tout en essayant de minimiser les frais de connexion , devrait-on faire des énergie renouvelables un vecteur d’électrification du milieu rural pour des considérations environnementales, en allant dans le sens contraire de l’équité sociale ? Car et Quoiqu’il en soit, on peut égrener à volonté les avantages des énergies renouvelables sans pour autant leur conférer la vertu d’une énergie complète .


Omar Elfatouaki

17:33 Publié dans énergie | Lien permanent | Commentaires (2)