21/02/2005
Restructuration du Ministère de l'Energie et des Mines: pour une réhabilitation de la fonction du chef de service
De nos jours il est évident qu’au sein de l’Administration Publique, la fonction de chef de service occupe une place importante voire même primordiale. Malheureusement, son rôle n’est pas toujours discerné par la majorité des responsables. L’on se demande des fois pourquoi crée-t-on des services destinés à être stériles au sein d’un organigramme dont la plupart des dossiers sont traités au niveau des divisions ? A travers quelques volets de l’histoire du Ministère de l’Energie et des Mines, on essayera autant que faire ce peut, de décrire les péripéties à travers lesquelles la fonction de chef de service a été dépréciée, chemin faisant, au sein de ce département.
Le Département faisait partie de l’ancien Ministère de l’Industrie du Commerce des Mines et de la Marine Marchande, sous forme d’une grande Direction qui s’intitulait "Direction des Mines de la Géologie et de l’Energie". Cette Direction fut érigée en Ministère en 1979 et son Directeur fut promu, comme premier Secrétaire Général du jeune département. Conçue à la hâte, l’organisation de ce Département était mal partie. Dans la foulée, trois directions furent créées : la Direction des mines, la Direction de la Géologie et la Direction de l’Energie. Vraisemblablement, toute l’attention des responsables d’antan fut focalisée beaucoup plus sur l’instruction des dossiers techniques que sur les problèmes organisationnels. C’est ainsi que le Secrétaire général continuait à traiter les mêmes dossiers comme il le faisait avant sa promotion. A partir de ce moment, plus jamais, aucun responsable de la hiérarchie n’exercera convenablement les prorogatives officielles de sa fonction. Toute l’organisation fut décalée d’un cran vers le bas. C’est ainsi que les Directeurs nouvellement nommés continuaient à assumer leurs prérogatives en tant que chefs de division . Du même coup les chefs de division s’accaparaient du travail destiné normalement aux chefs de service. Par conséquent, la fonction de chef de service se trouva en fin de compte affaiblie et marginalisée. Les organigrammes qui se sont succédé n’ayant pas tenu compte de cette problématique ont perpétué la même erreur en l’aggravant par le dénudation quasi complète de la fonction de chef de service de toutes ses prorogatives. Les nouveaux promus, par manque d’encadrement et par peur de perdre leurs anciennes prorogatives sans pour autant disposer effectivement de celles de la nouvelle fonction, préfèrent garder les anciennes pour ne pas en perdre les avantages acquis. Il s’en suit que la responsabilité est banalisée au niveau d’un service. Le côté matériel l’emporte sur la raison et le bon sens. Le chef de service se trouvant au dernier maillon de la responsabilité est devenu un simple cadre qui touche une prime de responsabilité. Les plus chanceux d’entre eux continueront à faire ce qu’ils faisaient avant leur promotion. Le travail au sein du service se déprécie et se dévalorise donnant de plus en plus d’importance au non-travail parmi les cadres. Le travail de la majorité des chefs de service se limite alors à classer les bordereaux ou à participer à des réunions dont l’ordre du jour ne cadre presque jamais avec les prorogatives du service . De temps en temps, mais c’est vraiment des exceptions, les chefs de services sont associés à la rédaction d’une lettre ou d’un fax ou sont invités à participer passivement à des séminaires ou à des colloques .Le cloisonnement qui caractérise notre système hiérarchique ne fait qu’accentuer davantage cette situation. Les dossiers qui nécessitent des investigations et études sont traités au niveau des directeurs et rarement au niveau des chefs de division qui eux aussi travaillent individuellement, compte tenu de l’urgence du dossier imposée par le Directeur. Il s’agit de parer au plus pressé nous dit-on. Là, l’information stagne et les dossiers traités rebroussent le chemin vers la hiérarchie. On a l’impression que les prorogatives de tout un organigramme s’arrêtent au niveau des chef de division. Inéluctablement, la prochaine victime sera la Division qui va à son tour se déprécier au même titre que le Service. D’ailleurs on commence déjà à parler des chefs de division qui "se roulent les pouces" !! Que dire d’un chef de service et des cadres qui appartiennent à une telle division ?
Permettez moi, chers chefs de service, de me substituer à vous et rompre votre silence. Le chef de service dans les organisations modernes qui respectent les bonnes règles de gestion, occupent une place importante dans la chaîne de travail aboutissant à la prise de décision. Sa relation directe avec les cadres, qui représentent incontestablement le vivier de compétences, dont l’organisation puise ses futures responsables, lui confère le rôle de superviseur et d’animateur. Il est le relais actif entre le chef de division, les cadres et l’ensemble du personnel. En d’autres termes le chef de service représente l’interface entre la masse des cadres et la minorité de la hiérarchie. Il doit animer une équipe de travail en vue d’atteindre les objectifs rentrant dans la stratégie globale du département. Pour ce faire, il instruit les dossiers en collaboration avec ses cadres, apporte son expertise au chef de division, représente la Direction aux réunions concernant ses prorogatives et évalue régulièrement ses collaborateurs. Donc en minimisant le rôle que doit jouer le chef de service au sein d’une organisation, on assiste à une rupture totale entre le cadre et la hiérarchie. Cette situation crée une structure éthérée qui soutient, honore et glorifie même l’irresponsabilité. Il est évident que quant on affaiblit le chef de service, tout le département s’en trouve affaibli.
Le nouvel organigramme, dont la mise en application est imminente, représente une occasion d’or que les responsables doivent saisir pour tenir compte de cette faille et réhabiliter la fonction du chef de service pour redonner l’espoir à toute une génération de cadres qui n’arrivent toujours pas à faire valoir leurs compétences. En agissant de la sorte, on fera du service une entité où l’individu et le groupe peuvent prendre leur décision de manière autonome, s’adaptant, innovant et progressant. Un nouveau ministère sera né et une page de son histoire sera tournée. A ce moment là, espérons-le, une nouvelle ère de modernité sera alors entamée au sein de ce département.
Omar Elfetouaki
16:35 Publié dans le management | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
article intéressant
Écrit par : ibi | 21/02/2005
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