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30/05/2009

LES ASSISES NATIONALES DE L'ENERGIE ETLA NOUVELLE STRATEGIE DE L'ENERIE

Encore une fois, comme à l’accoutumée, la ministre en charge de l’énergie se voit dans l’obligation d’élaborer sa propre stratégie énergétique pour essayer de réussir là où ses prédécesseurs ont déjà échoué : réduire la dépendance énergétique du pays. Cette stratégie sera l’œuvre d’un célèbre bureau d’étude spécialisé en la matière. C’est une première. Dans le passé, rappelons-le, ce genre de labeur était l’apanage de la hiérarchie du département. Cependant, et malgré cette louable ouverture, les responsables et cadres à qui est assigné, de part leurs prorogatives, la mise en œuvre de cette politique, n’ont pas participé à son élaboration. La même erreur se reproduit et se perpétue.

La nouvelle stratégie a été rendue publique lors des premières assises de l’énergie tenue le 6 mars 2009. Ce fut un secret de polichinelle. Car bien avant cette date, elle avait déjà fait l’objet d’exposés devant les deux chambres du parlement, au conseil de gouvernement, et en réunion avec les directeurs régionaux du département. C’était l’inverse qui devrait se produire : la  stratégie énergétique devrait découler des travaux et recommandations de ces assises. Que cela soit dit en passant, ces assises ont été mal préparées et reflètent clairement le chao dans lequel se débat le département de l’énergie : un déficit en communication et en information qui se traduit par un cloisonnement étouffant compliqué par la démonétisation caractérisée des responsables et la chosification des cadres. Autant les interventions des invités étrangers, durant les travaux de ces assises, étaient concises, claires, enrichissantes et concluantes ; autant les exposés des responsables du département étaient soit confus, soit répétitifs en tout cas non convaincants. Ces derniers ont été, et sans conviction aucune, des chantres de la nouvelle stratégie. Bien évidement, chacun essaye d’apporter sa contribution, qui les énergies renouvelables, qui l’efficacité énergétique, qui les produits pétroliers, qui le nucléaires, qui les schistes bitumineux. Devant cette mise en scène, l’assistance a déchanté d’apprendre que finalement, durant les travaux de cette rencontre, le débat n’aura pas lieu.

Quoiqu’il en soit, et dès le début de la journée, l’assistance a été mise devant le fait accompli, et la ministre surprend tout le monde en annonçant tout de go, dans un discours prononcé avec impétuosité, véhémence et enthousiasme, la nouvelle stratégie de l’énergie. Cette stratégie s’articule autours de six principaux axes : construire un bouquet électrique optimisé et fiable, développer les énergies renouvelables, ériger l’efficacité énergétique en priorité nationale, mobiliser les ressources nationales, s’intégrer dans le système énergétique régional et équilibrer la production nationale et importation. L’on se demande quelle est la valeur ajoutée apportée par le bureau d’étude chargé d’élaborer cette nouvelle stratégie ?  Ce sont les mêmes axes qui ont été définis depuis trois décennies. Et notre dépendance énergétique se monte toujours à 97%. Car c’est au moment où ces axes viennent à être déclinés en composantes et en filières de production énergétique que leur mise en œuvre pose le véritable problème. L’histoire nous montre qu’une fois le prix du baril baisse, les efforts consentis qui devaient aboutir à la réduction de notre facture énergétique, sont vite abandonnés. D’ailleurs cette nouvelle stratégie a été initiée au moment où le pris du baril dépassait les 140 $. C’est ainsi que deux parties importantes se dégagent de cette stratégie : une partie réelle relative à la consommation des hydrocarbures et du charbon et de l’électricité importée et une partie plutôt théorique et académique voire onirique, relative celle-là, aux énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique, aux schistes, à la recherche pétrolière et au nucléaire.

En principe, les énergies renouvelables restent incontestablement les énergies du futur. Elles ont été introduites dans notre stratégie énergétique depuis 1980, et depuis les responsables prévoient une part de plus en plus importante dans notre bilan énergétique. Trois décennies se sont écoulées, et ces énergies ne  représentent  actuellement que 1% de notre consommation énergétique  globale. Certes, dans le passé et depuis le deuxième choc pétrolier, ces énergies étaient considérées comme la panacée pour s’affranchir du joug des énergies importées et de plus en plus couteuses. Elles sont actuellement l’objet d’un vif engouement en raison de leur qualité non polluante. Cependant, leur crédibilité s’accroit au rythme des progrès technologiques. C’est ainsi que la production de l’énergie propre à l’instar de l’électronucléaire, appartient aux pays qui maîtrisent la technologie moderne dans ce domaine. Le bureau d’étude a dû traiter le dossier marocain comme s’il s’agissait d’un pays détenant ces technologies lui permettant d’avoir accès à l’utilisation des énergies renouvelables à sa guise. Tant qu’on n’a pas notre propre technologie, on restera toujours dépendant de l’étranger pour l’exploitation de nos gisements éoliens et de notre ensoleillement. Quant à l’amélioration de notre efficacité énergétique, elle permet certes de réduire notre consommation d’énergie mais sa mise en application ne se décrète pas. C’est un travail de longue halène qui nécessite la formation, la sensibilisation et des fonds pour soutenir et encourager dans ce sens les secteurs énergétivores de notre économie. En ce qui concerne la recherche pétrolière, même le diable ne peut prétendre connaître ce qui se trame dans ce dossier.

Jusqu’à présent notre politique énergétique est toujours la même depuis trois décennies et se résume, pour le commun des mortels, en deux points essentiels : assurer notre sécurité d’approvisionnement en énergie diversifiée, et réduire notre dépendance énergétique en développant les potentialités énergétiques nationales. Mais les stratégies qui devraient traduire cette politique en projets réels, diffèrent et changent avec les ministres qui se succèdent à la tête du département. Bon an mal an, le premier volet de cette politique a été toujours réalisé. Son deuxième volet n’a jamais pu franchir le seuil des notes des exposés, des séminaires, et des conférences.  Espérons en toute honnêteté, que cette nouvelle stratégie sera exceptionnellement et réellement mise en application.                         

 

                                                                                 Omar Elfetouaki

                                                                                 elfetouaki_om@yahoo.fr

00:35 Publié dans énergie | Lien permanent | Commentaires (0)

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