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11/02/2006

LA POLITIQUE ENERGETIQUE MAROCAINEET LE SYSTEME D'INDEXATION

    La récente hausse des prix  des carburants intervenue  le 9/02/2006 demande de reposer les termes du problème.

Le système d'indexation des prix des prix des produits pétroliers a été conçu au départ pour faire profiter le consommateur final et l’économie nationale des prix compétitifs en stimulant la concurrence entre les distributeurs et le raffineur. Il devait permettre également d'alléger la péréquation. Or on voit clairement que c'est le contraire qui se produit. En effet, à part quelques petites diminutions opérées  juste après son instauration en 1995, les prix de vente au public n'ont cessé de connaître des augmentations substantielles. En plus,  le système gonfle davantage la péréquation et en fait un lourd fardeau pour le budget de l'Etat. Il étouffe par conséquent le secteur de la distribution en lui faisant supporter à lui seul le fardeau de la péréquation et partant l'empêche de jouer pleinement son rôle d'investisseur. On ne le dira jamais assez, le système d'indexation a atteint ses limites. Si on doit garder vaille que vaille le système, il serait judicieux de le repenser en introduisant, comme base de calcul, en plus des cotations internationales des produits pétroliers raffinés, les cotations internationales du pétrole  brut. Car  le système  a été adopté au moment où le raffinage était  excédentaire sur le marché international. Aujourd'hui le problème est inversé et l'on assiste à un déficit de l'outil de raffinage  dans le monde qui se traduit par un renchérissement  des produits raffinés.
Contrairement à ce qu'on pense, le système d'indexation n'a jamais cessé de fonctionner. En effet, seule la partie distribution a été gelée par le gouvernement  alors que la partie raffinage a continué à fonctionner depuis 1995 jusqu'à nos jours. Et c'est justement cette partie qui n'est pas maîtrisable et ne profite par conséquent qu'au raffineur. Au moment où le prix du brut dépasse  la barre de 70 $ le baril,  la Samir n'a tout de même pas acheté un seul baril à ce prix là!! De toutes  façons, le système a été conçu de manière à ce que le prix du brut acheté par la Samir ne soit connu qu'après coup, à travers les publications de l'Office de Change. Donc,  même si la Samir achète son brut à des prix compétitifs par rapport au marché international, ses raffineries continueront à bénéficier de leurs marges et de leur ״coéfficient d'adéquation״ et à facturer aux sociétés de distribution un prix  théorique élaboré par le Ministère de tutelle sur la base des  cotations internationales des produits raffinés. Alors que c’est le budget de l'Etat qui devrait en profiter et en faire profiter le consommateur c'est en réalité à la Samir que profitent toutes les fluctuations en baisse du cours du pétrole brut. Il est évident que ce sont les raffineries qui sont vraiment approvisionnées au moindre coût !! La politique énergétique du pays  se trouve alors remise en cause et violée par notre système de fixation des prix des produits pétroliers.

En principe, en application de l'un des axes essentiels de la politique énergétique nationale: approvisionner le marché national au moindre coût, le pays  ne devait importer qu'une partie  de sa consommation en produits raffinés, quand les prix  sur le marché international sont compétitifs par rapport aux prix des produits ex-Samir. Or, notre mode d'approvisionnement du pays en produits pétroliers ne peut répondre à cette exigence que dans le cas où la concurrence entre raffineur et distributeurs pouvait  jouer pleinement son rôle de modérateur et de régulateur de prix. Rappelons que ce mode   se caractérise,  d'une part, par une capacité de réception portuaire du secteur de la distribution très limitée et d'autre  part, par un outil de raffinage qui n'arrive toujours pas à adapter sa production à la l’évolution de la demande nationale, obligeant ainsi le raffineur à réexporter un excédent structurel de  l’équivalent d’un million de tonnes par an sous forme de fiul-oil et de naphta. Et c'est justement là où le bas blesse. Car les deux acteurs chargés de l'approvisionnement du pays en produits pétroliers n'ont pas les mêmes atouts. D'un côté le raffineur a des infrastructures portuaires  lui permettant de recevoir les quantités  de pétrole brut ou des produits raffinés dont il a besoin, de l'autre côté les distributeurs ne disposent que de modestes infrastructures portuaires dont la  capacité reliée au port ne leur permet pas de procéder à des importations à grande échelle. Donc, le raffineur reste le passage obligé pour 80 à 90% environ  de la consommation nationale.     

 Même après le démantèlement total des droits de douane, les distributeurs ne pourront jamais  choisir librement entre les livraisons Samir et les importations des produits raffinés. Ils resteront tributaires du raffinage national à cause de l'insuffisance de leurs capacités de stockage reliées aux différents ports du royaume.  Au moment où la Samir investit davantage pour maintenir, voire même améliorer la quantité et la qualité de ses produits et partant  asseoir davantage  son monopôle, les sociétés de distribution se calfeutrent et se complaisent dans leur activité de "repreneurs en raffinerie" en se débattant dans des faux  problèmes de règlement, par l'Etat, des sommes dues par la Caisse de Compensation.

 

0mar Elfetouaki

elfetouaki_om@yahoo.fr

17:25 Publié dans énergie | Lien permanent | Commentaires (3)