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01/03/2005

Au Maroc moderne l'oisiveté est honorée et glorifiée (suite et fin)

Les plus privilégiés de ces cadres oisifs sont nommés « par décisions » et désignés par une multitude de noms qui n’ont de sens que chez les gens qui les ont inventés : Mr. L’affecté , MM. Les conseillers auprès de la Direction, les attachés à la Direction ou à la Division, les attachés à l’attaché, etc…. Ces nominations sont hors « organigramme », les cadres concernés n’ont pas de prorogatives bien définies, par conséquent, n’ont pas de dossiers à charge, se contentent de quelques maigres avantages matériels et s’occupent , quand ils travaillent à , ‘’becter ‘’ quelques ‘’dossiers charognes’’ sous les regards vigilants des responsables .
Evidemment il y a parmi ces oisifs ceux qui savourent tranquillement leur repos et se résignent à attendre leur retraite , ces gens méritent d’être secoués pour leur apprendre à nouveau à travailler . Les autres moins nombreux cherchent à participer dans l’élaboration du travail, c’est ceux-là qu’il faut faire participer davantage malgré la réticence de leur supérieurs.
Tous les jours que le Bon Dieu fait le fonctionnaire se lève tôt le matin , se rase , prend son petit déjeuner file son costard et met sa cravate . Le cartable à la main il fait semblant d’aller au travail en quittant sa maison de bonne heure. Il se leurre , Il ment à ses enfant tous les jours : où vas-tu papa ? Au travail mon fils ! d’où viens-tu papa ? J’étais au travail ! Ses enfants, apprendront un jour la vérité amère et ça sera trop tard !
Avec le temps les salariés arrivent à justifier leur oisiveté en se référant souvent au vieux adage de la mémoire collective : il n’y a que les bêtes de somme qui travaillent . Il suffit d’avoir un boulot pour être payé à ne rien faire.
Personne de ces messieurs ne s’est jamais demandé , un jour ouvrable, après 18H30 qu’est ce que qu’il a fait de sa journée ? Qu ‘a-il produit pendant 7h30 de travail ?
En outre comment explique-t-on le congé annuel de quelqu’un qui n’a pas travaillé durant toute l’année ? Ceux dont je parle sont des individus qui font acte de présence avant d’aller prendre un café et disparaître dans la nature . Il existe une autre engeance d’individus qui ne viennent à l’administration que pour faire signer un titre de congé par leur supérieur. Figurez-vous que celui-ci le signe sans aucune explication !! Le monde à l’envers !! le nombre de journées de travail perdues se compte par milliers. Les grèves générales toutes cumulées n’ont jamais atteint un tel chiffre en terme de perte de nombre de jours de travail .
D’où nous vient-elle cette endémie ? Le marocain était connu par son labeur et son abnégation pour le travail . Les marocains résidents de part le monde sont connus pour leur sérieux dans leur travail et le respect de leur ressource de revenu. Loin d’être inné le virus est acquis chemin faisant ; on apprend à ne pas travailler ou on nous le fait apprendre malgré nous .
De quelque manière que l’on envisage la question, cette foule immense de gens oisifs paraît inutile au pays, et cet état de chose a pour effet de prolonger indéfiniment notre sous- développement .
Tant que le pays n’aura pas retrouvé les valeurs qui avaient fait la force de ses ancêtres, la responsabilité individuelle et collective, tant qu’il n’a pas réagi contre l’indolence, la nonchalance il y a peu de chances qu’il puisse prendre son essor .
L a société de demain est parmi nous . Si l’homme-fonctionnaire s’interroge aujourd’hui sur son rôle, sa place, son devoir et sa vie , il est possible avec une volonté de sortir des ornières dans lesquelles nous nous croyons englués, de retrouver des raisons d’espérer et avec elles, la confiance en l’avenir, en d’autres termes, le goût du futur.

Omar Elfetouaki